Le désaccord porte en lui la flamme de la vitalité lorsqu'il est utilisé à bon escient et respecte les règles propres à l'éthique dans la présentation et la défense d'une opinion.
Au cours de l'histoire musulmane, cet art de la polémique a animé le coeur des plus grands savants. Pour élaborer la loi dans ses plus petits détails, ils ont tiré du Coran et de la Sounna des principes généraux et les ont appliqués à la vie réelle et aux besoins perpétuellement renouvelables de la société.
Le désaccord entre juristes, géré de façon constructive, était alors un fertilisant de la pensée musulmane. Il était un stimulateur essentiel au développement de la oumma musulmane dans tous les domaines. Aujourd'hui, alors que l'effort d'interprétation personnel (ijtihâd) s'est évanoui et que l'imitation aveugle (taqlîd) s'est imposée, le terme «désaccord» est devenu synonyme de dissension sévère et de conflit insurmontable. C'est un virus qui a attaqué la pensée, la foi, les goûts, les comportements, les attitudes, le mode de vie, les rapports, les modes d'expression, l'espoir et tous les objectifs à court terme et à long terme. Ce livre se veut une contribution à la prise de conscience de traiter le mal à ses racines et de ressusciter, chez les Musulmans, cette éthique dans leurs rapports et le traitement de leurs désaccords. L'auteur s'appuie sur de nombreux exemples issus de l'histoire de l'Islam et montre que les croyants de la première heure eurent souvent des opinions différentes mais que jamais celles-ci ne les divisèrent. Les sentiments et les idéaux qui les liaient étaient bien au-dessus de toute division.
Selon l'auteur, la seule solution pour sortir l'esprit musulman de la crise intellectuelle et morale où il est plongé consiste à soigner les racines du mal, à réformer les modes de pensée, à rétablir l'ordre perdu des priorités. Pour ce faire, il préconise un retour aux sources. Il espère alors que les Musulmans sauront faire de leurs différences d'opinion, traitées dans les règles de l'art, un phénomène salutaire à même d'enrichir l'esprit musulman, de le fertiliser, de le doter de la profondeur d'analyse, d'élargir ses perspectives et de permettre aux Musulmans de regarder l'avenir avec espoir.
Biographie de l'auteur
Tâhâ Jâbir al- Alwâni est l'un des fondateurs de l'Institut International de la Pensée Islamique (IIIT) dont il est actuellement le président et membre de son conseil de direction.
Il est également membre fondateur du Conseil de la Ligue Islamique Mondiale, membre de l'Association Internationale du Fiqh, Président du Conseil Nord Américain du Fiqh et membre de l'Académie du Fiqh de l OCI. Sa contribution au savoir inclut la rédaction de «Al-mahsoûl fî ilm ousoûl al-fiqh» («Somme et substance dans la science des fondements de la jurisprudence islamique») par l'imam Fakhr ad-Dîn ar-Râzî [six volumes]).
Il a également écrit un certain nombre d'oeuvres sur la jurisprudence islamique, notamment «Al-ijtihâd wa at-taqlîd fî al-islâm» («L'ijtihâd et l'adoption inconditionnelle de la Tradition en Islam»), «Islâh al-fikr al-islâmî» («Réforme de la pensée islamique») ainsi que «Adab al-ikhtilâf fî al-islâm» («Islam, conflit d'opinions, pour une éthique du désaccord»). Parmi les oeuvres déjà traduites en français, on signale : «Pour une stratégie culturelle islamique», «Le Coran et la sounna : le facteur Temps-Espace» et «L'ijtihâd».